Le nombre de Français couverts par une complémentaire santé diminue

Serait-ce l'effet pervers des tarifs en constante augmentation ? Les Français couverts par une assurance santé complémentaire étaient moins nombreux en 2018 par rapport à 2017. Un phénomène surtout observé chez les jeunes et les foyers modestes. Cette enquête tombe au moment même où les organismes complémentaires sont critiqués pour leur politique tarifaire en parallèle de la mise en œuvre du RAC 0.  

10% de Français sans complémentaire santé

Le baromètre annuel de la Fnim (Fédération nationale indépendante des mutuelles)* révèle une tendance qui s'aggrave. Le nombre de Français qui renoncent à une complémentaire santé atteignait 10% de la population en 2018, le taux le plus élevé depuis cinq ans. Ce chiffre est en décalage avec les niveaux généralement admis par les pouvoirs publics (autour de 95% de taux de couverture). 

Les plus touchés par le non-recours à une complémentaire santé sont d'abord les jeunes de 18 à 24 ans : 75% en 2018 contre 66% un an auparavant. Ce recul est d'autant plus important chez les étudiants (85% contre 69% en 2017). Les ménages aux revenus modestes (moins de 20 000€ par an) sont également concernés par cette tendance : le taux de recours était de 80% en 2018, soit 4 points de moins qu'en 2017.

La mutuelle reste indispensable pour 93% des Français

Une écrasante majorité de ceux qui sont équipés estime que la complémentaire est indispensable. 7% pensent qu'ils pourraient s'en passer. La confiance dans le système de protection complémentaire demeure, même si 39% des personnes couvertes par un contrat (mutuelle ou assurance) jugent son coût excessif. Ce baromètre est l'occasion pour la Fnim de rappeler l'engagement mutualiste à l'heure où les critiques se font virulentes, à commencer par celles du gouvernement qui reprochait tout dernièrement aux Ocam de prétexter la mise en place de la réforme 100% Santé pour augmenter les tarifs.

Les Français préfèrent de loin les mutuelles (53%) aux autres formules d'assurance santé complémentaire (compagnies d'assurance et institutions de prévoyance). Le mutualisme ne se limite pas à une prestation d'assurance. Deux tiers des Français reconnaissent l'engagement et la contribution des mutuelles dans l'amélioration du bien commun. L'engagement des mutuelles participe à la fidélité pour 60% des adhérents, quand 26% sont prêts à payer plus cher pour une mutuelle qui s'engage en favorisant par exemple l'accès aux soins.

La perception des personnes couvertes par une mutuelle reste pourtant perfectible. 6 sur 10 se considèrent comme un client et non comme un adhérent ou un sociétaire. Près de la moitié des Français consultés estiment que les mutuelles œuvrent pour elles-mêmes et leurs dirigeants. La Fnim dénonce un encadrement réglementaire toujours plus pesant et les mouvements de concentration des organismes, largement favorisés par les pouvoirs publics, ce qui contribue à banaliser le rôle des mutuelles.


*Interview réalisée en ligne par Epsy entre le 23 et le 29 octobre 2018 auprès d’un échantillon de 1000 personnes représentatif de la population française âgée de plus de 18 ans

Par , le mercredi 16 janvier 2019