Mutuelles : Agnès Buzyn dénonce un sabotage de la réforme du 100% Santé

Voilà une polémique dont le gouvernement se serait bien passé alors que les revendications sur le pouvoir d'achat agitent le pays depuis cinq semaines. Jeudi dernier, lors d'un interview à France Culture, la ministre de la Santé Agnès Buzyn a critiqué les augmentations de cotisations prévues par les complémentaires santé en janvier 2019, qui sabotent, selon elle, la réforme du 100% Santé.

"Un sabotage politique"

Sur France Culture, Agnès Buzyn a dénoncé "un sabotage politique" et accusé les mutuelles de profiter de la réforme du reste à charge zéro en optique, dentaire et audiologie pour augmenter leurs tarifs. Habituellement très posée, la ministre n'a pas caché sa colère face à une politique commerciale qu'elle juge intolérable et de rappeler aux Ocams les promesses faites quelques semaines plus tôt. En octobre, l'Unocam avait garanti que les éventuelles augmentations de tarifs seraient liées à la consommation et non à la mise en place du RAC 0.

Un investissement modeste

Selon la ministre, l'investissement demandé aux organismes complémentaires pour mettre en œuvre cette réforme est "modeste par rapport à leurs frais de gestion et chiffres d'affaires". Le coût du RAC 0 est estimé à 1 milliard d'euros, les trois quarts étant pris en charge par la Sécurité Sociale, le quart restant par les organismes complémentaires. Sur un budget total de 36 milliards d'euros, l'effort de 250 millions semble facilement absorbable, d'autant que les Ocams ont la possibilité de lisser ce coût sur trois ans, puisque la réforme sera finalisée à l'horizon 2022. Maurice Ronat, président de l'Unocam et d'Aesio, explique que la hausse des tarifs de 2,30% à 2,40% ne répercute pas le 0,5% du reste à charge zéro, mais qu'elle intègre des paramètres conjoncturels (demande de soins, vieillissement) ainsi que certaines mesures votées récemment (forfait médecin, revalorisation des consultations médicales).

Les décisions gouvernementales critiquées

Ce n'est pas tant l'inflation des tarifs des mutuelles qui fait bondir la ministre que la façon dont les organismes la justifient. Dans les courriers d'appels de cotisation pour 2019 envoyés par un grand assureur privé et par des mutuelles de fonctionnaires, chacun y est allé de sa critique envers les décisions gouvernementales. Les parties prenantes doivent se retrouver mardi prochain à l'occasion de la première réunion du comité de suivi de la réforme. Au programme, l'amélioration de la lisibilité des garanties, une promesse faite par l'Unocam au Comité Consultatif du Secteur Financier en juin dernier. Les politiques tarifaires devraient sans nul doute enflammer les discussions.






Par , le lundi 17 décembre 2018