Crédit immobilier : les courtiers progressent et captent 35% du marché

Le courtage en crédit immobilier a la cote ! En dix ans, les courtiers français ont plus que doublé leurs parts de marché, passant de 15% à 35%. Cette progression du courtage en France, mais également dans les autres pays de l'UE, est à mettre au compte d'un renforcement de la réglementation ces dernières années.

Progression du courtage en Europe

Une récente étude réalisée par le cabinet Arcturus Group pour le compte de l'Apic (Association professionnelle des intermédiaires en crédit) met en lumière la montée en puissance du courtage au sein d'une dizaine de pays membres de l'Union Européenne (UE). Au Royaume-Uni, en Irlande et aux Pays-Bas, le taux d'intermédiaire est supérieur à 50%, ce qui signifie que plus de la moitié de la production de crédits immobiliers est à mettre au compte des courtiers. Le taux atteint 80% au Royaume-Uni, pays qui s'est précocement doté d'un dispositif de régulation de la profession. À l'inverse, au Portugal et en Belgique où la législation est intervenue tardivement, les parts de marché des courtiers atteignent tout juste 15%.

Le mouvement a aussi été observé en France sous l'impulsion d'une meilleure organisation du secteur. Depuis la loi Lagarde de juillet 2010 et les décrets d'application qui ont suivi, le statut et l'activité des IOBSP (Intermédiaires en Opérations de Banque et en Services de Paiement) ont bénéficié d'un encadrement, ce qui a permis aux courtiers de voir leurs parts de marché gonfler de 15% à 35% en une décennie.

La réglementation bénéficie au courtage

La corrélation entre réglementation et pénétration du marché semble évidente. Dans les pays de l'UE où l'activité n'a pas attendu les directives communautaires pour se réglementer, le courtage est majoritaire, comme on le voit au Royaume-Uni, pays où le secteur est le plus développé. Les courtiers britanniques, "Mortgage brokers", ont commencé à prendre de l'ampleur dans les années 70, instaurant peu à peu une relation très forte avec les établissements de crédit, s'octroyant ainsi une position incontournable dans le secteur local de la distribution de crédits. L'activité y est réglementée depuis 1997.

Au pays de sa Gracieuse Majesté comme en Irlande, aux Pays-Bas et en Suède, où la profession est organisée et encadrée depuis longtemps, la réglementation européenne transposée en mars 2016 n'aura provoqué aucun changement fondamental. En revanche, la directive 2014/17/EU portant sur les contrats de crédit aux consommateurs relatifs aux biens immobiliers à usage résidentiel, dite Directive MCD (Mortgage Credit Directive), aura permis au Portugal, à l'Espagne et à la Belgique de réguler la profession, à l'Allemagne et l'Italie de la réorganiser.

Harmonisation de la distribution du crédit dans l'UE

Le texte communautaire vise à créer un marché du crédit immobilier au sein de l'UE tout en garantissant un niveau élevé de protection des consommateurs. Il comporte des dispositions destinées à harmoniser la distribution du crédit immobilier, en apportant notamment une réglementation commune de l'activité d'intermédiation. "Dans tous les cas, la transposition de cette directive a été une opportunité de renforcer les législations existantes et a eu des conséquences positives pour le secteur de l’intermédiation, dont les parts de marché progressent à un rythme soutenu dans tous ces États", conclut Alain Jung, directeur exécutif du Cabinet Arcturus Group. Un constat corroboré par Philippe Taboret, président de l'Apic : "Plus le secteur est réglementé, plus les parts de marché des courtiers sont importantes, car les consommateurs comme les banques ont davantage confiance dans les intermédiaires, ce qui leur permet d'accroître leur pénétration du marché".

La marge de progression n'est toutefois pas mince pour atteindre l'objectif affiché de l'association, à savoir 50% de parts de marché en 2020.

Par , le lundi 29 juillet 2019