Assurance auto et habitation : la hausse de la sinistralité va entraîner une augmentation tarifaire en 2019

Sans surprise et comme chaque année serait-on tenté de dire, les tarifs de l'assurance dommages vont augmenter l'an prochain. Les estimations tablent sur une hausse moyenne comprise entre 1% et 2%, voire jusqu'à 3% en MRH. Les aléas climatiques de cette année vont encore une fois chahuter les résultats techniques des assureurs, les obligeant à répercuter le coût du risque accru sur les tarifs clientèle.

Inflation des tarifs

Scrutées avec attention par les organismes assureurs, les prévisions des cabinets de conseil Actuaris et Facts&Figures convergent vers des hausses moyennes comprises entre 1% et 2% en assurance auto, et entre 2% et 3% en MRH. Pour l'heure, peu d'assureurs se sont empressés de communiquer leur politique tarifaire pour 2019. La Matmut a prévu de relever les primes de 2,7% en moyenne en assurance auto. La Maif augmentera de 1,2% en auto (hors effet bonus-malus) et de 2% en MRH. On reste sur les mêmes niveaux chez Swiss Life, et chez Generali France, la fourchette se situe entre 2% et 2,5% aussi bien en auto qu'en MRH. Allianz estime être au-dessus de 3% en MRH. Deux compagnies, la Macsf en assurance auto et la Matmut en MRH, ont cependant annoncé un gel de leurs tarifs.

Hausse de la sinistralité

Les charges de sinistre ont nettement augmenté en 2018 suite à une série d'événements climatiques qui ont touché la branche auto comme la branche habitation. Selon le cabinet Actuaris, la prime pure, c'est-à-dire le coût réel du risque pour l'assureur (hors coût de la réassurance, commissions, frais de gestion, taxes et marges), devrait grimper de 1,3% en auto entre 2018 et 2019, sous l'effet conjugué des caprices météo (tempêtes, grêle, inondations) qui ont notamment engendré un nombre massif de bris de glace et de pertes totales des véhicules, et de la flambée des coûts des réparations. Compte tenu de la sophistication des véhicules, le prix moyen des pièces s'est renchéri de 8% sur deux ans, nettement plus que le taux de l'inflation. Pour les assureurs, le constat semble clair : avec les pièces détachées, les constructeurs ont trouvé le moyen de rétablir leurs marges.

Les actuaires notent toutefois que les sinistres en auto ont tendance à se stabiliser depuis 2015. Deux facteurs viennent limiter l'intensification des dommages consécutifs aux aléas climatiques : la limitation de vitesse à 80km/H sur les routes secondaires depuis juillet 2018, ce qui contribue à réduire le nombre d'accidents, et donc de sinistres corporels, et la moindre utilisation de la voiture, conséquence de la hausse du carburant et d'une météo défavorable.

Côté habitation, la donne est similaire. Les catastrophes climatiques font bondir la prime pure de 4% en MRH. Les dégâts des eaux sont la première cause de sinistralité en MRH, et représentent un quart de la prime brute en 2018 (coût moyen 1 058€). En plus de l'augmentation du nombre d'incendies et de dégâts des eaux, l'assurance habitation subit une forte inflation des coûts dans le bâtiment (matériaux et main-d'oeuvre). Il faudra aussi tenir compte de la nouvelle convention inter-assureurs d’indemnisation et de recours des sinistres immeubles Irsi. Applicable depuis le 1er juin 2018, elle remplace la convention CIDRE, modifiant le mode d'indemnisation des co-propriétaires. Selon le cabinet Actuaris, elle devrait renchérir le coût des dégâts des eaux de 20% à 30%.

Risque de turn over accru 

L'augmentation des tarifs en assurance dommages sera sans aucun doute très mal perçue des assurés dans un contexte marqué par l'expression ouverte contre le matraquage fiscal et la baisse du pouvoir d'achat. Les assureurs devront trouver le juste équilibre pour préserver leurs marges sans risquer la fuite des clients, facilitée par la loi Hamon. Assurance auto comme MRH sont deux produits d'appel pour les organismes assureurs. Dans un marché hautement concurrentiel, des hausses de primes au-delà de 2% risquent d'accélérer la rotation des portefeuilles, obligeant les acteurs à promouvoir leurs offres (2 mois gratuits à la souscription par exemple), ce qui tire mécaniquement vers le bas les primes de nouveaux contrats.





 

Par , le jeudi 29 novembre 2018