Le risque cyber, premier péril pour les assureurs

Quels sont les risques émergents pour le secteur de l'assurance et de la réassurance en France ? La réponse a été donnée à l'occasion des 27èmes rencontres des risk managers de l’Amrae du 6 au 8 février dernier. En première position, le risque cyber, suivi, à court terme, du risque de tensions sociales.

Cyber risque, danger principal pour l'assurance

Dans un contexte de numérisation intensive, le risque cyber est un risque majeur pour le secteur des assurances et ce, depuis des années. La prise de conscience a pourtant été tardive, mais la multiplication des cyber attaques et leur impact économique croissant a changé la donne auprès de tous les acteurs, assureurs comme dirigeants d'entreprise. La numérisation des entreprises les a rendues cyberdépendantes, les exposant au risque d'une indisponibilité ou d'un usage détourné de leurs systèmes d'information. Les assureurs ont constaté une augmentation des pertes d'exploitation dues à des incidents cyber, qui sont par ailleurs sources de litiges, notamment des actions de groupe d'actionnaires ou de consommateurs.

Lors de la 27ème édition des Rencontres du Risk Management, la Fédération Française de l'Assurance (FFA) a présenté les résultats de son baromètre des risques émergents en assurance à court et à moyen terme. Devant l'ampleur de ses conséquences économiques et géopolitiques, le risque cyber constitue désormais la première menace aux yeux des risk managers des 30 principales sociétés d'assurance et de réassurance en France. Selon Bernard Spitz, président de la FFA, au regard de l'évolution des risques entre 2018 et 2019, les risques technologiques restent les plus élevés, et en première position, le risque cyber.

Faire comprendre le risque cyber aux entreprises est la lourde mission des assureurs, moins dans un objectif commercial que dans un souci de prévention. A l'occasion de ces Rencontres du Risk Management, Brigitte Bouquot, présidente de l'Amrae, a annoncé la rédaction d'un guide d'hygiène informatique en collaboration avec l'Agence Nationale de la Sécurité des Systèmes (ANSSI), à destination des risk managers et des dirigeants des TPE-PME. Celui qui avait été diffusé en 2017 était "trop technique, pas assez managérial". Un appel à commentaire sur internet a été lancé auprès des professionnels concernés pour améliorer ce document qui devrait être publié au printemps prochain.

Catastrophes naturelles et crise du système financier

Le trio des risques émergents est complété par les risques environnementaux (pollution, changement climatique, catastrophes naturelles et urbanisation de masse) et par les risques économiques (effondrement du système financier, vieillissement de la population), un podium identique à celui érigé en 2018. C'est la deuxième année que le baromètre des risques émergents est mis en place. Il sera annualisé pour permettre aux assureurs et aux réassureurs d'identifier les éléments susceptibles d'impacter leur situation financière ou leur solvabilité et d'intégrer ces éléments dans leur stratégie de développement. «Les risques émergents sont des défis pour les assureurs et réassureurs, en charge de repousser les limites de l’assurabilité et d’apporter de nouveaux services aux particuliers et aux professionnels», explique Bernard Spitz.

Le mouvement des Gilets Jaunes depuis novembre 2018 a tout de même incité les directeurs de risques à évaluer à la hausse le risque de tensions sociales, au point de le placer en deuxième position à court terme. Même si l'impact direct d'un tel risque est plutôt faible, ses effets indirects (crise politique, changements dans la politique fiscale et réglementaire) pourraient être très importants selon les auteurs de l'étude. 

Par , le mercredi 13 février 2019